FEMME EPHEMERE
Entre Plume & Pinceaux - Recueil de textes de Louve
Louve : parce que je me sens bêtement humaine et humainement animale...
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Prélude musical : Des ronds dans l'eau - Françoise Hardy
Souvent j’ai écouté cette chanson qui dit : L'ambition a des lois L'ambition est un culte Tu voudrais que ta voix Domine le tumulte Tu voudrais que l'on t'aime Un peu comme un héros Mais qui saurait quand même Faire des ronds dans l'eau…
Et souvent j'ai pensé que ces paroles auraient pu être écrites pour toi.
Histoire et fin d'un étrange Amour
Printemps 2002,
cela fait onze ans
qu'elle ne l'a pas vu...
RÉSUMÉ
« Lorsque nous pouvons mettre des mots sur des maux, les dits maux deviennent des mots dits et cessent d’être maudits » Guy Corneau
…/Alors j’ai essayé de poursuivre ma route, mais plus j’avançais moins je me sentais vivante, les mots, que je n’avais pus exprimer, devenaient des maux qui enlisaient ma vie, qui se réduisait comme une peau de chagrin./...
.../J’ai rassemblé toutes mes forces pour écrire toutes ces lignes dans l’espoir de te les transmettre, j’espère qu’elles auront le pouvoir de me délivrer enfin.
Me liras-tu ? Je n'en saurais certainement jamais rien, et je crains bien que je devrais partir, sans jamais obtenir de réponses à mes questions…
Je sais c'est, un peu brouillon, un peu long aussi, car cela parle de 32 années de ma vie.
Les Retrouvailles
Quelques mots de vérité qui viendront se planter dans son cœur comme une flèche empoisonnée, qui, après la vive douleur très vite dominée, délivrera toujours son venin des années après…
(Nous sommes en mars 2006 quand je me décide à écrire mes souvenirs qui me reviennent, et me torturent avec des questions qui restent sans réponse depuis des années.)
C'était au Printemps 2002, cela faisait onze ans qu’elle ne l’avait pas revu…. Ils se sont donnés rendez-vous à Gonesse, pas très loin de chez lui… Elle devait s’y rendre pour, une dernière visite de contrôle, suite à une intervention chirurgicale.
Elle arrive sur le parking de l’hôpital, à peine a-t-elle le temps de descendre de sa voiture, elle le voit qui vient vers elle… Il n’a pas changé ou à peine… (Depuis 1987, l’année où ils s’étaient rencontrés aux Beaux-Arts de Cambrai, ville qu’elle avait depuis quittée quelques temps, juste le temps de son bref deuxième mariage, et près de laquelle elle était désormais revenue…
Toutes ses années : aujourd’hui vingt ans et pourtant, presque jamais un jour sans penser à lui). Toujours la même tête, ce même sourire un peu niais, qui détonne avec son regard d’écureuil vif et farouche… Un look décontract, un blouson en jean orange, un peu trop grand pour lui à son goût, mais ainsi sont les artistes…
Elle, plutôt classe, maquillée, tailleur pantalon fluide… Elle voulait se sentir belle pour affronter ce moment : leurs retrouvailles, si souvent rêvées durant toutes ses années… Combien de fois l'a-t-elle imaginé cet instant et cette force aimantée qui les ferait se jeter dans les bras l’un de l’autre ?
Mais aujourd’hui elle s’imagine enfin guérie, c’est pour cela qu’elle peut le voir… C’est une rencontre de confirmation… Plus de dix ans de déchirures, de désespoirs mêlés de faux espoirs. Des dizaines de fois elle a cru sincèrement être guérie de lui et être amoureuse d’un autre, mais ce n’était que des leurres…
Elle s’est même remariée, pour s’obliger à tirer un trait et anéantir sa souffrance, ce fut le plus terrible ratage de sa vie. Car, sans en avoir toujours conscience, c'est lui qu'elle cherchait inlassablement, sans jamais le trouver…. Et très vite, dans le secret de sa solitude, elle ne pouvait se retenir de prononcer son prénom dans le vide… comme un appel au secours.
Plus l’inévitable déception, de ses amours de substitution, grandissait, plus ses souvenirs et son Amour pour Jérôme reprenaient leurs droits. Elle était hantée, habitée par cette histoire, comme victime d’un sortilège qui emprisonnait son cœur, et la condamnait à la torture.
Était-ce ses mots qu’il avait prononcés en la quittant et qui s’étaient en elle gravés :
« Un jour, je te reviendrais, quand j’aurais fait ma vie, eu les enfants que tu ne pourrais me donner, je reviendrais te retrouver » ?
Pourtant elle luttait, combattait sa douleur, son désir de le revoir, de l’attendre...
Pour exorciser, elle a écrit, mille lettres qui sont restées longtemps dans ses tiroirs et qu’elle brûlera un jour.Parfois elle lui en a envoyées, pour lui dire combien grande était sa souffrance où pour lui crier sa révolte contre ce mal qu’il lui faisait. Parfois elle démontait leur histoire, pour la démystifier, essayant de réduire à néant ses sentiments, démolissant toute la beauté de ses souvenirs, asphyxiant le désir au plus profond de sa chair…Souvent elle a pensé avoir vaincu ce démon…
Mais, lorsqu’elle ne s’y attendait plus, dans l’abandon de son sommeil, lorsque qu’elle perdait le contrôle, c’était l’explosion de son cœur, le manque de sa chair, des cris et des pleurs qui l’arrachaient au sommeil. Par peur de parler de lui en rêvant, elle prit l’habitude de dormir une main sur la bouche, pour étouffer son secret, pour ne pas blesser l’autre du moment qu’elle essayait d’aimer.
En perpétuel combat contre elle-même et cet amour qui ne voulait pas mourir, malgré tous les stratégies qu’elle employait, elle finit par comprendre que souvent dans ses tentatives d’aimer d’autres que lui, elle ne pouvait s’empêcher de projeter, de façon inconsciente, sur eux son propre secret. Alors, elle rentrait en guerre contre leur passé, devenant irrascible, fouillant, traquant en eux des sentiments et désirs cachés pour quelqu’une ex qui avait traversé leur vie… Sans s’en rendre compte, elle se punissait, par les affres du doute et de la jalousie, d’être incapable de l’oublier Lui, et de se sentir entière pour à nouveau aimer vraiment…
À chaque nouvelle histoire, qu’elle essayait de vivre, elle coupait le lien téléphonique, qu’elle maintenait depuis toutes ses années, de façon sporadique avec Lui. Elle ne pouvait, sous peine d’être rongée par l’angoisse, ne plus jamais avoir de ses nouvelles. Parfois elle avait perdu sa trace, mais toujours elle finissait par retrouver le moyen de l’entendre à nouveau. Tous les stratagèmes étaient bons, en appelant son père ou son frère dont elle parvenait à trouver les numéros…
Alors pour l'appeler, elle enfilait son manteau d’indifférence, qu’elle s‘était cousu de fil blanc avec les lambeaux de son âme. Elle lui parlait de sa vie, de ses amours sans avenirs et tellement étriqués, dans lesquels elle essayait de l’oublier, de ces déceptions, des blessures qu’elle avait reçues, et aussi parfois de celles qu’elle avait données…
Elle l’interrogeait sur sa vie, sur sa carrière… sur ses amours aussi parfois quand elle en avait le courage… Mais sur ce plan il restait très pudique et finalement cela l’arrangeait bien de ne pas en savoir trop…
Mais après le gros choc de leur séparation et le naufrage qui avait suivi, au fil du temps et des déchirements, un statuquo s’était installé… Ils avaient instauré ce ton, cette salutaire distance.
Pour elle, c’était un compromis entre le besoin quasi viscéral qu’elle avait de garder un contact, son instinct de survie et sa bonne conscience. Pour lui, elle ne savait pas… Parfois elle a pensé que c’était juste de la culpabilité, de la lâcheté qui l’empêchait de l’envoyer se faire foutre, et cela lui faisait si mal, mais elle avait appris à faire avec, en essayant d’espacer, au maximum de ce qu’elle pouvait tenir, ses appels.
Mais, maintenant, elle est guérie, il le faut, elle en a décidé, elle ne veut plus vivre ainsi. Elle veut le revoir et se confronter à la réalité, le désacraliser, déchirer l’image de l’icône adorée, le transformer en une image amicale, pour enfin pouvoir tourner la page, cesser de souffrir et avoir une vraie chance de reconstruire sa vie.
Cela fait des années qu’elle attend ce moment, qu’elle fait la chasse aux rêves maléfiques qui l’entraînent trop souvent dans une course poursuite désespérée à sa recherche. Maintenant, elle veut mettre un terme à ces nuits baignées de larmes qui la laissent au petit matin face à cette douleur qui jamais ne s’éteint, ni ne faiblit.
Elle s’est armée de toute sa fierté, de toute sa souffrance de femme, qui a été quittée par un amant plus jeune de onze années, pas prêt à assumer et qui avait toute une vie d’homme, de papa et d’artiste à faire… Et puis dans ses armes il y a aussi mec rencontré par Internet, à qui elle a donné rendez-vous le soir même. Pourtant il ne lui a pas plu du tout lors de leur première rencontre, mais elle n’a pu, dès que le rendez-vous de Gonesse a été convenu, se retenir de reprendre contact avec cet homme qui ressemblait un peu à Jean-Louis Aubert. Elle s’est inventé inconsciemment une certaine attirance pour lui, comme pour en faire un bouclier isolant. Le soir même, de retour chez elle, confrontée à ce mensonge qu’elle s’est fait à elle-même, elle éconduira le malheureux avec autant de délicatesse que possible, mais sans parvenir cependant à ne pas le blesser, il repartira furieux….
Bref, ce jour-là, sur ce parking, elle se sent blindée, à un point même d’avoir l’impression d’être anesthésiée de ne plus rien ressentir…
Ils décident d’aller déjeuner juste en face de l’hôpital, dans une brasserie… S’installent à une petite table nappée de papier, au milieu du bruit, des odeurs de mauvaise cuisine et de fumée de cigarettes.
Par petites touches elle pose, sur lui, son regard qui fuit le sien, elle lit sur son visage quelques rides qu’il n’avait pas avant. Elle se demande sans cesse ce qu’il pense, comment il la trouve ? Mais elle ne veut pas poser pas la question, elle a trop peur d’ouvrir une brèche et aussi trop peur de la réponse… Peur, autant de l’entendre dire, avec une indifférence polie, qu’elle a toujours autant de charme, ou pire, qu’elle a changée, mais aussi peur de deviner en lui le même trouble qu’il y a des années, quand il lui offrait toutes ses émotions…
Elle s’entend parler, lui donner des nouvelles de sa vie, lui parler même de ce type qu’elle va voir, le soir même, comme si ce n’était pas elle, comme si elle n’était pas là, mais à mille lieues de là, bien à l’abri…. Lui enfin, lui explique l’histoire d’amour torturée avec cette jeune femme architecte paysagiste, qui est tombée amoureuse d’un écrian en vogue, avec qui elle aura une aventure, lui imposant ses états d’âme … Il vient d’en sortir. Tout au long de cette histoire, elle l’avait senti désabusé et très amer lors de leurs échanges téléphoniques.
Plus tard, elle ne sera jamais vraiment capable de se rappeler de tout ce qu’ils se sont dit…. Un écrin ouaté enveloppera et étouffera ce souvenir, même ce moment où, en quelques mots, il déchirera le voile et transpercera son armure…
Quelques mots de vérité qui viendront se planter dans son cœur comme une flèche empoisonnée, qui, après la vive douleur très vite dominée, délivrera toujours son venin des années après…
Elle ne put retenir ses larmes et en un éclair de temps ses yeux furent remplis de chagrin. Surprise par cette douleur qu’elle ne croyait plus possible, après tant d’années, au moment où elle se croyait enfin guérie de cette histoire.
Alors qu’elle était, justement là, pour en faire la preuve... Elle ravala très vite ses larmes, et toutes les questions que cette révélation qu’il venait de lui faire, soulevaient en elles… Ces questions qui ne la lâcheront plus jamais.
Pourquoi lui avouer ce jour-là, ce mensonge fait onze ans plus tôt ?
Sous quelle impulsion ?
Pourquoi faire ainsi resurgir la douleur ?
Voulait-il, juste, éprouver cette carapace qu’il devait ressentir et qui lui faisait injure ?
Voulait-il, se prouver à lui-même qu’il pouvait encore rallumer cet amour qui avait été pour lui comme un passage initiatique vers sa vie d’homme ?
Quel mobile avait armé ce coup : l’amour camisolé qui, dans un sursaut de désespoir, fuse hors de sa prison, pour provoquer une réaction ?
Ou l’orgueil de celui qui a été aimé comme un dieu et qui refuse de perdre son adoratrice ?
Que ce serait-il passé s’il ne lui avait pas dit à l’époque, pour se séparer d'elle, qu'il avait quelqu'un d'autre dans sa vie ?
Tout se bousculent dans sa tête, mais très vite, d’un coup d’indifférence magique, elle dissimule la plaie ouverte...
L’heure de son rendez-vous avec le chir. arrive, il décide de l’accompagner pour prolonger le temps d’être avec elle, et cela lui fait plaisir.
Dans le hall d’accueil il faut prendre la file d’attente pour valider le rendez-vous… Ils sont debout l’un près de l’autre, soudain comme plongée en arrière dans le temps, elle a l’impression de le sentir aussi proche que jadis, vulnérable comme un enfant qui voudrait qu’on lui tienne la main… Attendrie ; elle le regarde dans les yeux, tout en gardant son armure, lui envoie un sourire qu’elle souhaite rassurant, mais elle se force à garder ses bras serrés le long de son corps, pour ne pas avancer cette main qui irait prendre la sienne et retrouver le contact de la peau… Elle ne peut faire ce geste, prendre ce risque… Qu’arriverait-il, si elle le faisait ? Elle se demande ce qu’il se passe dans sa tête, peut-être ce n’est qu’un caprice d’enfant gâté qui veut se rassurer ? Peut-être qu’elle se trompe et qu’elle imagine seulement ressentir son désarrois ? Elle a tellement d’imagination, qu’elle se méfie d’elle-même car, parfois elle se fait des films toute seule…
Elle pense à toutes ses années durant lesquelles elle a dû se convaincre qu’il ne l’avait pas vraiment aimée, qu’elle avait été la seule à aimer vraiment, et que pour lui, elle n’avait était qu’un passage, un passeport pour le monde… Une initiatrice qui délivre de l’enfance et du fantôme d’une mère qu’il avait aimée trop fort…
Elle s’est infligée, pour chasser le mal, des centaines de flagellations virtuelles, en se martelant la pensée, cela jusqu’à ce que cette conviction s’ancre au plus profond d’elle-même. Elle a saigné sa douleur à se vider de sa vie, souffert comme une chienne et crut même qu’elle allait en mourir, elle ne peut risquer de revivre cet enfer, elle ne veut pas, ne peut pas, encore espérer, croire à nouveau en cet amour…
Il a le regard sombre et triste d’un petit garçon boudeur, mais elle ne peut plus comme jadis lire ses pensées, elle ne peut plus avoir confiance en ce qu’elle ressent de lui, puisqu’il a pu, alors qu’elle croyait en son amour, comme jamais elle n’avait cru en rien, la quitter, et la laisser dépérir de chagrin, de plus ne vient-il pas de lui avouer qu’il lui avait menti ? Non elle doit garder son manteau d’indifférence et fermer, à tout jamais, cette brèche dans le temps, qui lui ferait courir un trop grand danger, si elle s’engouffrait à l’intérieur. Il faut garder le cap de l’amitié pour ne pas tout perdre, et avoir le droit de le garder dans sa vie, sans se sentir en faute vis à vis d’un nouvel amour qui un jour peut-être viendra… Pourtant, malgè cette peur panique de souffrir encore, elle doit lutter pour résister à l'envie de le prendre dans ses bras...
Quelques instants plus tard, assis dans le couloir devant le bureau du chir., ils attendent sans trop se parler. Très vite la porte s’ouvre, et derrière, le regard étonné de ce virtuose du bistouri, qui la voit en compagnie d’un jeune homme… Il sait qu’elle vient juste de quitter son mari et elle sent poindre l’interrogation dans son regard… Cela la surprend, car après tout, elle a le droit d’être accompagnée par qui bon lui semble, sans que pour cela on puisse imaginer que ce soit un amant… Cela lui semblait évident, pourtant elle a vu le trouble et le questionnement dans ce regard qui essayait de savoir… Y aurait-il encore, après toutes ses années, quelque chose d’aussi fort entre Jérôme et elle, pour que malgré eux un quasi inconnu puisse le ressentir ?
Les voilà de nouveaux sur le parking, le moment de se séparer est arrivé. Promesse est faite que bientôt il viendra chez elle. Il a envie de revoir les enfants…
Les semaines passent le contact téléphonique est plus présent. Il lui parle d’une amie, artiste peintre, issue d'une famile bourgeoise, qui vit un peu dans l'ombre d'un frère artiste plasticien mondialement reconnu, qu’il voit souvent sans pour autant parvenir à l’approcher vraiment... Elle lui donne des conseils pour la séduire, qui porteront leurs fruits. Elle voit dans cela, la confirmation que l’amitié est installée et qu’enfin elle va pouvoir trouver la paix de son cœur.
L’été approche, rendez-vous est pris pour la fête de la musique, il viendra passer deux jours chez elle, à la faveur d’un voyage de son amie, qui n’y voit pas d’inconvénient. Ouf ! Tout semble enfin trouver une bonne place.
Ses enfants sont très heureux de le revoir après tout ce temps, ils ont gardé un très bon souvenir de lui, enfin sauf pour le dernier, car il était trop petit, il ne se souvient plus.
Le week-end se passe bien, il dort en bas dans le convertible, sans qu’aucune ambiguïté ne jaillisse à un moment ou un autre… Même lorsque qu’ils se retrouvent dans sa chambre assis sur le lit pour regarder des photos… Ce lit sur lequel, pourtant, ils avaient couché leur amour… Jamais elle n’aurait pu croire, qu’un jour, cela fut possible. Tant de détails qui s’accumulent pour enfin lui prouver que le charme est rompu, qu’elle n’est plus prisonnière de cet impossible amour, qu’enfin elle peut tourner la dernière page de ce livre et en ouvrir un autre… Le passé est révolu, celui qu’il était, n’est plus, et celle qu’elle était non plus…
Tout va désormais être différent, elle en est sûre…
Il est grand temps car les années défilent, il lui semble avoir perdu tant de temps…
Le Poids Du Mensonge
À ce moment où tous ces souvenirs lui reviennent, elle revit ces instants qui furent tellement assassins à cause de ce mensonge qu'il lui avouera, onze ans plus tard .
2007- Pourtant, par la suite, elle ne trouvera pas le bonheur qu’elle espère depuis si longtemps, les galères amoureuses s’enchaîneront plus sordides les unes que les autres… Mais elle ne se laisse plus prendre trop longtemps par une mauvaise histoire, là où avant il lui fallait presque deux ans pour se sortir d’un mauvais chemin, il ne lui faut que quelques semaines pour réagir et faire machine arrière. Elle sait ce qu’elle veut, où elle veut aller maintenant, et elle ne se jette plus à corps perdu dans la première histoire venue, juste pour avoir l’impression de vivre quand même…
Maintenant, elle sait quelles couleurs il doit y avoir dans l’amour et surtout celles qu’il ne doit pas avoir, et celles qu’il faut absolument fuir… Elle est prête désormais à accepter que peut-être plus jamais elle ne trouvera les bonnes couleurs…
De son côté il poursuit son histoire, et même enfin devient Papa, elle se réjouit pour lui, elle sait depuis toujours qu’il a la fibre paternelle et qu’il sera un papa formidable… C’est pour cela qu’il fallait qu’elle renonce à lui, pour qu’il puisse vivre pleinement sa vie, et connaître ce qu’avec elle il n’aurait pas pu vivre. C’était la plus belle preuve d’amour qu’elle avait pu lui donner…
Depuis cet été 2002, ils ne se sont pas revus, toujours il y a le téléphone. Ce qu’il y a d’étrange, pourtant, ce sont ces coïncidences : elle ne rêve plus aussi souvent de lui, et ce ne sont plus des rêves dans lesquels elle souffre de le chercher sans jamais le trouver, mais lorsqu’il vient dans ses rêves, presque à chaque fois, le lendemain même, le téléphone sonne et c’est lui qui l’appelle… Mais avec le temps, pris dans le tourbillon de sa vie, il l’appelle de moins en moins souvent… C’est elle qui au bout d’un temps, qu’elle repousse au maximum, finit par lancer la ligne.
Dans le courant de l’année 2005, alors qu’elle lui contait sa dernière peine de cœur, pour ce trop jeune, qui s’était rendu trop tard à l’évidence, qu’il n’aurait pas la force d’assumer la différence d’âge… Il lui dit qu’il fallait qu’elle le comprenne et ne pas lui en vouloir… Que certainement il n’avait pas assez d’expérience pour réaliser ce qu’il perdait, que ce fut exactement le cas pour lui lorsqu’il l’avait quittée. Que depuis, jamais plus il n’avait connu un amour aussi plein, aussi rassurant, ni une telle certitude d’être vraiment et pleinement aimé, que lorsqu’il était avec elle. Qu’il n’avait pas, à l’époque, assez d’expérience pour comprendre que ce qu’il y avait entre eux était si exceptionnel. Bien sûr elle le lui avait dit, mais il n’avait pas de point de comparaison pour en ressentir la certitude, qui lui aurait donné la force de rester. À cet aveu, bouleversée qu’elle est par sa dernière blessure, elle a ressentie une grande chaleur et un peu de regrets… Mais au fond d’elle est sait que ce n’était pas la seule raison de son abandon...
Elle pense que si elle avait été une riche galeriste parisienne, il serait peut-être resté avec elle. En tout cas, elle l’aurait aidé et mis en valeur, mais elle n’était qu’une pauvre mère célibataire, sans fortune, ni héritage, qui ne pouvait pas grand-chose pour aider sa carrière…
Depuis souvent, elle repense à ces paroles, et aussi à ce jour du printemps 2002 à Gonesse... À ce qu’il lui avait avoué ce jour-là…Elle s’interroge…
Pourquoi lui avait-il menti, pour la quitter en février 1991 ?
Pourquoi avait-il dit qu’il y avait une jeune fille qui hantait son cœur, et que c’est dans l’espoir de vivre cette histoire, qu’il devait la quitter ? Qu’il devait faire sa vie, pour un jour lui revenir…
Et pourquoi, en ce jour de printemps 2002, dans cette brasserie, lui avoua-t-il que ce n'était qu'un mensonge, qu’il n’y avait eu, alors, aucune jeune fille dans son cœur ?
Ce mensonge-là, ne peut-elle s’interdire de penser, a surement tout changé, car sans lui, elle se serait accrochée et aurait cherché à le revoir, pour forcé la porte de son cœur, si seulement elle n’avait pas pensé qu’il y avait fait entrer une autre…
Elle se revoit la dernière fois où elle était allée le voir à Paris, au mois de janvier 1992, presque pour son anniversaire, quelques mois après la rupture… Elle lui avait demandé si elle pouvait venir le voir, et il avait accepté. Elle était déjà perdue, en plein naufrage, une boule de douleur et d’anxiété, incapable de penser, juste elle voulait le voir encore, faire encore l’amour avec lui...
Elle avait pris le train comme un zombi, écrivant sur un feuillet, durant le trajet, sa peine sans pouvoir arrêter de pleurer. Comme une fontaine qui ne s’arrête jamais de couler, ses larmes venaient doucement silencieusement et inlassablement. Elle avait même à peine réagit lorsque le jeune homme, assis près d’elle dans le train, avait glissé sa main sous son manteau, qu’elle tenait plié sur ces genoux. Elle avait juste un peu détourné la tête, qu’elle tenait penchée pour dissimuler ses larmes, et lui avait demandé, à voix haute, d’arrêter de l’importuner. Il était plutôt très beau garçon, mais elle s’en fichait. Confus il était parti s’asseoir ailleurs...
Il était venu la chercher à la gare du Nord et l’avait ramenée cher lui, dans cette petite chambre de bonne rue Vanneau dans le 5eme, qu’il avait si bien aménagée et où ils s’étaient tant aimés. Elle y était restée seule le temps qu’il donnait ses cours de photographie du samedi après-midi aux Beaux-Arts de Paris, où il étudiait lui-même.
Elle n’avait pu s’empêcher de fouiller pour trouver des traces de cette jeune fille, pour laquelle il l’avait quittée, mais elle ne trouva, au fond d’une vieille sacoche en cuir, que des cartes postales amicales, des lettres anciennes d’une première petite amie, qu’avant elle, il avait aimée, sans avoir été vraiment son amant. Mais rien qui vienne lui prouver quoique ce soit…
Puis elle était partie, dans les rues de Paris, cherchant son ombre, regardant tout autour d’elle les rues, les vitrines, les maisons qu’il voyait chaque jour et qu’il lui avait fait découvrir lorsqu’elle était venue le voir pour la première fois à Paris. Cette ville qu’il aimait comme une femme. Ce Paris pour qui, il l’avait déjà quittée, quand il était venu s’y installer pour poursuivre ses études. Mais finalement leur séparation était trop difficile et ils s’étaient alors retrouvés et depuis il lui avait fait connaître tant d’endroits, arpentant les rues de Paris, visitant les musées… Il lui avait donné tant de souvenirs…
Dans la rue St Benoit près du Flore, elle avait visité les galeries d’arts en attendant l’heure de le retrouver. Il y avait alors sur les murs placardés des affiches pour le dernier AMADOVAR : TALONS AIGUILLES. Cinéphile, souvent il lui parlait de ses cinéastes favoris, dont Amadovar faisait partie, lui racontait les films qu’il avait vus, et elle n’avait pas besoin de les voir tellement il lui narrait bien l’histoire, les personnages, les images… Celui-là, il ne lui racontera pas…
Enfin, lasse de marcher dans le froid des rues et d’en recevoir chaque détail, comme le taureau dans l’arène, reçoit les blessures des picadors, elle était allée se réfugier dans l’église St Germain des Près, pour écrire, écrire encore, noircir le moindre bout de papier qu’elle pouvait trouver au fond de son sac, même les tickets de caisse y passaient. Elle avait écouté l’histoire de ce SDF qui était venu lui parler, elle avait fait l’effort de s’extraire un moment de son écriture frénétique pour tenter de s’ouvrir à un plus malheureux… Mais elle s’était demandée alors comment pouvait-on mesurer le malheur, ou le bonheur ou encore l’amour ? À ce moment où il lui semblait que la vie lui échappait, centrée, sur sa douleur, aveuglée par elle, elle se demandait qui pouvait se sentir plus malheureux qu’elle ?
L’heure de le retrouver arriva, elle alla l'attendre près de l'école des Beaux Arts. Il l’emmena dans un petit troquet du coin, où il est de bon ton de commander un ballon de vin rouge, pour rejoindre un petit groupe d’amis étudiants comme lui.
Elle fut au comble de sa douleur, comment faire bonne figure à ces jeunes gens, peut-être même, que celle qu’il convoitait en secret, était-elle une de celles-ci ? Elles étaient belles, jeunes, artistes, brillantes, et elle, avec ses trente-six ans, se sentait tellement rien à côté d’elles...
Cela était trop cruel, jadis grâce à l'amour de Jérôme, elle s’était sentie aimée comme une reine, mais à ce moment elle ressentait l’impression de ne plus exister, elle se sentait devenir transparente, sans aucune couleur, elle se vidait de son âme…
Lorsque dans la chambre de bonne de la rue Vanneau, ils ont fait l’amour, pour la dernière fois, elle n’a même pas pensé que s’il était amoureux d’une autre, il ne serait pas capable de lui faire l’amour avec la même tendresse, le même désir. Non elle ne pouvait penser qu’à cette jeune fille pour qui son cœur battait désormais, et dans le plaisir de l’étreinte, elle éclatât en sanglots. Elle avait envie de lui crier : « Tue moi ! Achève-moi ! Abrège ma souffrance ! Au moins, aies pitié de moi »…Lui, la regardait tristement, sans dire un mot …
À ce moment où tous ces souvenirs lui reviennent, elle revit ces instants qui furent tellement assassins à cause de ce mensonge qui lui avouera onze ans plus tard.
Pourquoi avoir fait cet aveu ? En cherchant la réponse, elle se dit que peut-être était-ce par besoin de vengeance, car il y avait eu quelque mois plus tôt, une première rupture et, cette fois-là, c’était elle qui l’avait voulu…
Car elle savait qu’un jour il devrait partir, la quitter pour s’envoler vers d’autres cimes. Souvent même ils en parlaient ensemble, comme d’une chose inéluctable à laquelle on doit se préparer, il lui décrivait aussi du genre d’homme avec qui il la verrait être heureuse…Cela lui faisait mal, car c’est avec lui qu’elle voulait être heureuse.
Alors à un moment, où elle était prise par le doute et l’angoisse de demain, elle avait voulu lui rendre sa liberté, ouvrir la cage, et pour supporter le choc, aussi vite, elle était sortie avec un autre, pour le chasser de son cœur et occulter la souffrance.
C’était le jour de la mort de Serge Gainsbourg, qu’elle l’avait rencontré en boite de nuit à Mouscron. Elle avait offert à cet inconnu, tout son amour comme par une sorte de transfert vers ce nouvel amoureux, qui n’était qu’un salaud avec un bon fond, mais un salaud quand même…
Et quand quelques semaines plus tard, malheureux, fou certainement de jalousie, Jérôme était venu de Paris un soir la voir, espérant la retrouver, elle lui avait refusé sa couche, en lui proposant de passer la nuit sur le canapé. Il était reparti à bout de force…
Cachée, derrière cet amour transfert, elle lui avait brisé le cœur, sans état d’âme apparent. Non vraiment, elle ne comprend pas comment elle avait pu faire cela. Parfois la nature humaine est bien étrange, et pleine de détours, se jouant souvent d’elle-même par instinct de protection.
Deux mois plus tard, à la fin de cette histoire, au cœur de l’été, elle reçut par courrier des poèmes écrits dans la douleur. Faits de phrases courtes et concentrées, ses mots étaient beaux à couper le souffle.
En voici quelques lignes qui sont restées gravées dans ma mémoire :
Par une nuit d'orage,
Nous avons fait l'amour
Ton corps était en rage,
En mon âme pour toujours...
Ils éclataient comme des bulles d’oxygène qui remonte à la surface des eaux profondes, et en lisant ces vers, comme un boomerang son amour pour Jérôme, lui revint en plein cœur.
Mais il ne voulait plus la revoir, car il avait eu trop mal il avait erré des jours et des jours dans les rues de Paris, sans but, sans trouver le moyen d’apaiser sa douleur. Pourtant après quelques semaines et échanges de lettres d’explication, de supplications et de passion, ils avaient fini par se retrouver, et même pour la première fois de toute leur histoire, qui était toujours restée dans le registre de l’impossible, il parlait enfin d’avenir avec elle, de la maison qu’il construirait pour eux… Elle avait enfin rencontré sa « cousine » Régine, qui en fait n'était pas vraiment sa cousine, par la suite je me suis posé aussi des question sur la vraie nature de leur relation, mais à ce moment-là, je ne pouvais imaginer que Jérôme puisse ne pas être limpide ... Elle travaille dans le cinéma aux édition du Losange. grâce à elle, il fut en retation avec Eric Rhomer et Agnés Varda, ce qui je pense, plus tard, donnera à sa carrière un nouvel essort. Ils étaient allés chez elle à Paris. Elle pensait qu’enfin il pouvait assumer son amour pour elle, et qu’enfin elle pouvait espérer…
C’est à ce moment-là de leur histoire, où elle ne s’était jamais sentie aussi heureuse, où tout semblait devenir enfin possible pour eux deux, qu’il lui avait annoncé que son cœur était attiré ailleurs…et qu’il voulait mettre fin à leur histoire pour vivre un autre amour…
Fauchée en plein vol, elle a bien failli en mourir de chagrin. Sans jamais penser, que peut-être tout cela n’était qu’une vengeance programmée, quelque part, dans les méandres de l’inconscient de celui qu’elle aimait si fort et pourtant avait fait souffrir… Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’il ait pu être capable de lui mentir pour la faire souffrir…
Elle avait tellement de foi en lui, tellement de confiance et d’admiration, qu’il lui a fallu quatre ans, après cette révélation, pour enfin être capable de reconstituer le puzzle, et de comprendre ce qu’elle n’avait jamais pu comprendre …
Ce n’était, juste, que depuis quelques temps que cette évidence, peu à peu, faisait surface, et qu’elle pouvait se retourner sur ce douloureux passé et projeter sur lui la lumière d’une vérité, avouée pourtant quatre années au paravent...
Lui avait-il fallut plus de quatre années de recul, pour oser laisser émerger cette trop cruelle éventualité, et pour oser l’affronter ?
Elle voulait lui demander des explications, elle avait trop besoin de savoir.
Pourtant, hier encore, elle lui a parlé au téléphone, comme si de rien n’était, sans oser lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.., Durant la nuit qui a suivi, elle a rêvé de lui. Elle ne se souvient plus de son rêve, mais elle sait qu’elle y a ressenti la douleur de leur rupture, comme si c’était hier… Une fois de plus, ce passé resurgissait de ses profondeurs inconscientes où elle l’avait enfermé. Était-il en train de lui faire perdre le terrain qu’elle avait si difficilement gagné ?
Elle n’a pas les réponses à ses questions et peut-être n’aurait-elle plus jamais l’occasion de les obtenir. Elle regrette d’avoir été lâche devant la vérité, et de n’avoir pas, au moment opportun, demander les réponses qu’elle était en droit d’obtenir.
Elle enrage et lui en veut à retardement. Elle ne sait encore, jusqu’où iront les déductions et les implications de cet éclairage nouveau qu’elle porte sur lui et leur histoire, qui a conditionné toute la suite de sa vie et par répercussions celles de ses enfants ?
Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’a plus envie d’aimer, de croire, de faire aveuglement confiance.
Si la vie lui redonnait une chance d’aimer encore aussi fort quelqu’un d’autre qui l’aimera en retour de la même façon, comment pourrait-elle y croire ?
Elle a souvent entendu dire que l’on a qu’un seul vrai amour dans une vie… Peut-être est-ce la vérité.
Peut-être, s’interroge-t-elle, ne peut-on aimer aussi fort, qu’une seule fois dans une vie ? Elle a, depuis ses années, voulu se prouver le contraire et cela ne lui a pas réussi, aussi elle ne veut plus rien prouver, elle veut juste essayer de continuer d’exister malgré tout.
Sans ses enfants, elle n’aurait pas voulu survivre à la déchirure de cette rupture, et cette mort, qu’elle a senti se glisser en elle, aurait depuis gagné la partie. Mais, pour eux, elle ne pouvait lâcher prise. Elle s’est accrochée comme elle a pu, et lorsqu’il lui a envoyé ce collier en or, elle a reçu ce cadeau comme un gage qu’un lien entre elle et lui existerait toujours. C’était difficile à comprendre, il ne voulait plus d’elle, mais pourtant lui envoyait ce beau cadeau. Il lui a expliqué qu’il l’avait porté autour de son sexe plusieurs nuits, comme dans un rituel magique, avant de lui envoyer. En acceptant de le porter, n'a-t-elle pas accepté le sortilège, n'a-t-elle pas accepté d’être pour toujours prisonnière de cet amour ?
Peut-être qu’il lui faut accepter l’évidence, peut-être, que derrière toutes les barrières qu’elle n’a cessé de dresser autour d’elle, que derrière toutes ces histoires d’amours qui n’étaient jamais possibles, se cachait toujours un cœur entier qui ne pouvait aimer un autre que Jérôme ? Comme elle avait écrit : « Peut-être que même après la mort, il l’aimera encore »…
Mais Maintenant qu’elle connaît la vérité, cette possible volonté de vengeance, ce piège qu’il lui a tendu pour qu’il se referme sur elle et l’emprisonne toutes ses années… Elle veut lui pardonner parce qu’elle veut être enfin délivrée et qu’elle veut encore espérer en une autre chance…
Si un jour cette chance arrive encore dans sa vie, ce ne sera pas parce qu’elle en a trop besoin, mais parce que devant elle sera une évidence….
Questions
Car toi, un beau jour de 2011, il me semble, tu t’étais accordé le droit de venir me voir.
Décembre 2020
J’ai rêvé de toi, cela fait bien longtemps que ça n’était pas arrivé. Depuis 2018 j’ai tellement rejeté ton nom, ton souvenir et maudissant ta lâcheté, que certainement tu n’osais plus venir visiter mes rêves…
Mais dans cette nuit tu es venu et dans ce rêve tu étais cruel, infidèle, sans pitié pour les femmes qui t’aimaient. Elles étaient deux et puis moi un peu en retrait spectatrice consternée et blessée. Ce rêve dans lequel tu étais si différent de celui qui m’a hantée durant toutes ses années…
Je me suis réveillée en pleurs, mais pas comme avant quand je me languissais de toi, mais plutôt de dépit et de rage d’avoir si fort aimé un homme qui était si peu digne de cet amour qui a consumé ma vie.
Depuis notre dernier échange, en janvier 2018, dans lequel je te demandais de me donner un moyen de te faire parvenir un courrier, dans lequel je pourrais m’exprimer mieux que je ne pouvais le faire à l’occasion d’une conversation téléphonique ou un sms, j’ai pris beaucoup de recul.
C’était la supplique d’une femme en bout de course qui cherchait le moyen d’aller moins mal… Mais toi, tu as botté en touche en me répondant : « tu exagères un peu là ? ». Une fois encore, tu n’as pensé qu’à te protéger. Ce qui m’a mis très en colère…
Car toi, un beau jour de Novembre 2011, il me semble, tu t’étais accordé le droit de venir me voir. Moi j’ai accepté de te voir sans penser que cela allait bouleverser les codes salutaires qui s’étaient installés au fil du temps.
Tu es venu et tu as renversé cette convention tacite, qui telle un parapet délimitait l’espace entre l’amour et l’amitié, et qui me protégeait de souffrir trop.
Ce soir-là, tu n’as écouté que ton envie, sans penser qu’en ouvrant cette porte de pandore tu allais me replonger dans les affres de ce trop grand amour qui m’empêchait de vivre depuis plus de 20 ans. Ce soir-là de novembre où il m’a semblé qu’une porte spatio-temporelle s’était ouverte sur nous lorsque nous nous promenions dans les rues de Cambrai et que nos mains s’étaient enfin retrouvées. Je ne m’attendais pas à cela, je ne m’attendais pas en t’ouvrant la porte de ma maison à ce baiser sur mes lèvres, ni à ce que tu veuilles dormir près de moi.
Si, en moi l’amour était toujours aussi fort, je n’ai pas pu déposer mon armure et faire l’amour avec toi, comme tes caresses m’y invitaient. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’au matin tu partirais, et que si nous faisions l’amour, je n’y survivrais pas. J’étais pétrifié, incapable de ressentir dans mon ventre le désir. Il était pourtant bien là, et il m’a sauté dessus dès que ta voiture c’est éloignée. Alors je me suis tordue de désir et de chagrin. Encore je te perdais, sans rien y comprendre…
Une fois de plus, il m’a fallu du temps pour formuler tout ce qui grouillait au fond de moi. J’ai été très mal, et je t’en voulais de m’avoir fait cela. Quand tu m’as demandé si tu pouvais venir me voir, je l’ai pris comme ça venait sans arrière-pensée, mais lorsque tu m’as donné ce baiser sur les lèvres, je n’ai pu m’empêcher de penser : peut-être qu’enfin il me revient… ?
J’ai imaginé que tu n’étais plus heureux avec Valérie et que tu me revenais…
Mais lorsque j’ai essayé de t’interroger sur les raisons qui t’avaient poussé à vouloir me voir ce soir-là, j’ai compris que mon espoir était idiot. Lorsque j’ai essayé de t’expliquer ce que je n’avais jamais oublié tes paroles qui me disaient qu’un jour tu me reviendrais, et que je n’ai pu m’empêcher d’attendre ce moment, tu as dit « misère ».
Alors Jérôme, comment as-tu pu imaginer un instant que tu pouvais revenir me voir, et faire l’amour avec moi sans conséquence ?
Quelle pulsion as-tu suivie, pour penser que j’étais capable de faire cela, et de te regarder partir au petit matin ?
Et ce mot « misère », si, misérable, si dédaigneux… D’autres paroles auraient pu être moins blessantes…
Qu’as-tu fais de celui que j’ai si fort aimé et qui me comprenais mieux que moi-même ?
Ce mot a ouvert un gouffre au fond duquel le Jérôme que j’ai aimé, et que j’ai cru avoir retrouvé ce soir-là, s’est noyé.
Derrière ce mot j’ai compris que je ne pourrais pas comprendre pourquoi tu es venu, pourquoi tu n’as pas pensé, un seul petit moment, au mal que tu allais me faire ?
C’était trop fort pour moi et cela impliquait trop de questions sans réponse, de remise en cause de ma perception de qui tu étais, et, par conséquence de toutes ses années de souffrance pour une chimère, un amour plus grand que moi, mais qui n’a existé que pour moi.
Car si jamais tu m’avais vraiment aimée comme j’ai cru que tu m’aimais, si jamais tu m’avais vraiment comprise comme j’ai cru que tu en étais capable, jamais tu ne serais venu me voir dans l’intention de briser la distance salutaire mise en place depuis 2002.
Car cette intention, tu l’avais, sinon tu ne m’aurais pas embrassé sur les lèvres pour me dire bonsoir dès ton arrivée. Et dans ce mot « misère » j’ai entendu l’homme qui soudain prend peur en comprenant que peut-être il venait de commettre un faux pas, qui pourrait compromettre sa petite vie de famille.
Comment as-tu pu croire que je pouvais faire l’amour avec toi alors que tu n’avais aucune raison (autre qu'une pulsion) de revenir vers moi et que tout allait bien dans ton couple ? L’image que tu me donnais, alors de l’homme que tu étais devenu, n’avait-elle donc aucune importance à tes yeux ? Quand étais-tu authentiquement toi-même ? En étant celui qui soudain cédait à une envie trop grande de retrouver mes bras sans penser aux conséquences, où quand tu étais celui qui disait que sa vie allait bien qu’il était heureux en couple ? Comment ces deux hommes pouvaient-ils cohabiter ?
Qui étais-tu devenu ? Toutes ces questions m’ont assaillie et j’ai essayé de t’en faire part dans mes sms, car il m’est toujours difficile de vraiment m’exprimer de vive voix, mais sans pouvoir aller jusqu’au bout et sans que tes réponses ne puissent éteindre mon questionnement. J’aurais aimé pouvoir t’écrire vraiment dans un format qui me permettrait développer mon raisonnement et mon ressenti. J’avais besoin que tu m’accordes au moins ce droit. Mais c'était trop demander.
Alors j’ai essayé de poursuivre ma route, mais plus j’avançais moins je me sentais vivante, les mots que je n’avais pu exprimer devenaient des maux qui enlisait ma vie qui se réduisait comme une peau de chagrin. J’ai développé la fibromyalgie, j’ai arrêté de peindre, mes dernières œuvres exposées en 2013 parlaient d’une femme qui voulait disparaître.
Fin 2017, n’en pouvant plus de ce désespoir qui emportait ma vie, j’ai voulu me donner une autre chance en faisant une thérapie nouvelle pour moi : EMDR soit la désensibilisation et le retraitement (de l'information) par les mouvements oculaires. Je voulais me délivrez de ma souffrance, de la souffrance de t’aimer toujours et de ne pas comprendre… Alors j’ai fait ce travail, j’ai parlé de toi, de notre histoire et dans ce processus il fallait suivre du regard le doigt du thérapeute pour que mon cerveau archive mes blessures, j’ai parlé de toutes ces questions sans réponses qui me torturaient depuis 2002 :
Pourquoi m’avais-tu menti en me faisant croire que tu aimais une autre pour me quitter ? Était-ce une vengeance ? Pourquoi avais-tu décidé de m’avouer ton mensonge en 2002 à Gonesse ? Pourquoi en juin 2002 m’as-tu dis que peu avant que tu romps avec moi en 1991, ma fille de dix ans t’avait embrassé sur la bouche ? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé à cette époque ? Si tu en avais parlé sur le fait, alors nous en aurions certainement désamorcé cet incident et nous en aurions ri ensemble. Pour quelle raisons avoir tu cette anecdote toutes ces années ? Ce n’était qu’un geste d’une gamine en manque de repère, y as-tu vu autre chose ? As-tu été troublé par ce baiser de pré-ado ? Notre complicité n'était-elle pas assez grande pour que tu m'en parles ? Quelle incidence cela a-t-il eue dans ta décision de rompre avec moi ? As-tu imaginé ce que cette révélation décalée pouvait me faire ? Pourquoi es-tu revenu en 2011 ? Il y a forcément eu un élément déclencheur pour qu’à ce moment-là tu t’autorises à venir retrouver mes bras. N’as-tu pensé ensuite qu’à te protéger ? Et toutes les questions qui en découlent. M’as-tu vraiment aimée, où n’ai-je été qu’un marchepied dans l’évolution de ta problématique œdipienne ? Comment tout ce temps as-tu pu ignorer ma souffrance ?
Dans la thérapie, pour me libérer, j’exprimais mon chagrin et ensuite je devais suivre des yeux le doigt du thérapeute. Son mouvement partait de ma droite vers ma gauche et dans le mouvement de mes yeux je mettais l’intention de tout jeter vers la gauche.
C’est durant cette thérapie qu’est survenue le 02 janvier 2018 ma paralysie faciale du côté gauche de mon visage. Les examens qui ont suivi n’ont pu trouver la cause de cette paralysie. Aussi je me suis demandé si l’effort que j’avais fait pour archiver notre histoire et « tout jeter vers la gauche » n’y était pas pour quelque chose. J’en ai parlé au thérapeute qui du coup a jugé préférable de ne plus utiliser cette technique.
Lorsque que nous nous sommes parlé la dernière fois en 2018, j’étais défigurée par ma paralysie faciale, sans savoir si je retrouverais mon visage, Encore une fois, j’avais besoin de te dire ce qu’il m’était arrivé, et de t’expliquer mes craintes, mais je n’étais pas capable de le faire par téléphone, ou par sms, je voulais pouvoir t’écrire pour prendre le temps de trouver mes mots qui t’expliqueraient mes maux. Je pensais qu’en cette occasion tu me donnerais ce droit… Mais ta réponse, si méprisante m’a ouvert les yeux sur celui que tu es vraiment et qui est à mille lieues de celui que j’ai aimé… Me suis-je à ce point trompé sur toi, ou est-ce ta vie parisienne qui t’as si fort changé ?
J’ai toujours eu beaucoup de respect pour ta vie. Tu aurais pu prendre le temps de créer une adresse mail spécifique, où tu aurais pu m’autoriser à t’écrire chez Aligna, qui t’aurais sans aucun doute transmis mon courrier. Mais tu as préféré minimiser, me renvoyant si bas dans ton estime… Jamais le Jérôme, que j’ai aimé, n’aurait fait cela ! Celui qui me comprenait mieux que personne et en qui je croyais plus qu’en moi-même. N’avais-tu plus aucune bienveillance pour moi ?
J’ai cru que cette fois mon sentiment de révolte face à ton comportement m’avait permis de transformer l’amour en haine et que plus jamais je n’éprouverais ce sentiment de chagrin d’amour pour toi…D’autant qu’à aucun moment depuis tu n’as pris de mes nouvelles. Certainement tu as dû être trop content d’être enfin débarrassé de moi…
Épilogue
Me liras-tu ? Je n'en saurais certainement jamais rien et je crains bien que je devrais partir, sans jamais obtenir de réponses à mes questions...
Mars 2021
Une nouvelle fois tu es venu dans mes rêves et cette fois ce n’était pas comme en décembre, cette fois je me suis réveillée en larme avec dans mon cœur la blessure de t’avoir perdu.
Dans ce rêve tu étais le Jérôme que j’ai aimé, celui qui m’a donné un amour merveilleux qui me rendait heureuse. Nous étions dans la maison avenue de France, nous riions ensemble nous étions amoureux.
Ce n’est pas tant le fait de rêver de toi qui me trouble, mais celui de toujours ressentir la même douleur.
Alors quoi ? Tout ce travail que j’ai fait sur moi, depuis trois ans, pour te renier, pour maudire ta lâcheté, transformer l’amour en haine, n’était-il encore qu’une vaine tentative de me délivrer des maux qui m’accablent ?
Et l’Amour qui, malgré tous mes efforts pour m’en délivrer, me lie à toi depuis 1989, ne voudra-t-il jamais s’éteindre ?
J’ai rassemblé toutes mes forces pour écrire toutes ces lignes dans l’espoir de te les transmettre, j’espère qu’elles auront le pouvoir de me délivrer enfin.
Me liras-tu ? Je n'en saurais certainement jamais rien et je crains bien que je devrais partir, sans jamais obtenir de réponses à mes questions...
Clémentine.
le 23/03/21
6 Avril 2024.
Doucement, mais sûrement la thérapie a fait son effet depuis 2020.
Je ne souffre plus de t'avoir aimé, je ne t'aime plus du tout .
Je te vois tel que tes actes t'ont défini et non plus tel que tu aimerais qu'on te voit.
Je n'ai plus non plus d'estime pour toi, tu as tout démoli avec ta lâcheté, ton inconséquence, ton manque d'empathie pour moi, en me refusant le droit de t'écrire, tu as montrer ton vrai visage.
Aujourd'hui je suis persuadée que tu n'étais qu'un mirage, une illusion, un personnage que tu avais construit pour te donner une substance que tu n'avais pas.
Tous mes souvenirs de toi sont désormais éclairés par cette vérité de toi, que je ne voulais voir durant toutes ses années...
Je vais beaucoup mieux, un long procéssus de reconstruction s'est mis peu à peu en place.
En rennonçant à t'aimer, j'ai renoncé à l'amour de tous les hommes. Car si cet amour, si profond, que j'avais pour toi à mener à une telle désolation, je ne peux avoir envie de recourir un tel risque...
Et même si parfois, je ressens un petit manque, je repense au prix à payer, et je goûte ma tranquillité.
Pour Remonter Le Temps
Quelques poêmes écrits àprès la rupture survenue en 1991. Ils décrivent mes sentiments et le affres par lesquels je suis passée.
Car je ne suis qu'un Animal - 1993
Il y a un jeune homme, je le connais
Qui pouvait me donner le bonheur d'aimer.
Il y a un homme sur cette terre,
Pour qui mon cœur se désespère...
Avec lui mon âme s'envolait.
Il était l'ami, l'enfant,
Le frère, le père, l'amant,
Il était ... mon Dieu.
Avec la candeur d'une petite fille,
Je croyais en lui.
L'amour qu'il m'offrait
Je n'avais osé le rêver.
Je lui ai tout appris,
Et il m'a tout donné.
Il disait qu'il m'aimait,
Et moi, je le croyais...
Dans son regard je me voyais.
Chacune de ses paroles, je buvais.
Sous ses mains mon corps vibrait.
Puis, pour mieux me dire adieu,
Il m'a dit : "un jour je te reviendrais"
Qu'au travers de toutes choses,
C'était moi qu'il aimait.
Mais peut-être, n'était-ce qu'un jeu ?
Je voudrais pour qu'il revienne,
Lui crier mes "je t'aime".
Mais ce n'est plus la peine,
Car je crois qu'il m'a oubliée.
Et ma bouche qui l'appelle,
Mes mains qui le cherchent,
Savent bien qu'il ne reviendra jamais.
C'est maintenant à une demoiselle,
Plus facile à aimer,
Que d'avenir il peut parler.
Avec elle, sans honte il peut se montrer.
Des enfants, elle pourra lui donner.
Les miens étaient déjà d'un autre tout faits,
Pourtant comme moi, ils l'adoraient.
Avec lui, ils acceptaient de me partager.
Et maintenant encore, c'est avec des éclats de rire,
Qu'ils se rappellent qu'autour de la table,
Nous étions si heureux d'être avec lui.
Avec d’autres, j'ai cru pouvoir l'oublier,
Mais, pour ceux-là aussi, je n'existais
Qu'au travers de ce que je donnais,
Dans leur peur, c’était toujours une maman ils cherchaient.
Dans leurs bras, ce n'était qu'un fantasme qu'ils prenaient.
Mais ce n’est jamais moi qu’ils aimaient
Nous sommes quittes de nous être quitté.
Désormais, je n'ai plus le courage,
Encore d'essayer d'aimer.
Le bonheur, je n’y arriverai jamais.
Puisque femme, jamais je ne serais,
Car je ne suis qu’un animal blessé.
Et à l'aube de chaque jour,
Dans ma douleur de vivre sans lui,
C'est la mort qui me sourit...
Car je ne suis qu'un animal
Qu'on laisse au détour de la vie.
Car je ne suis qu'un animal,
De qui seulement on a eu envie.
Il a pris mon amour, comme on cueille une fleur.
Pour un instant jouir de toute sa splendeur.
Sans même penser qu'elle pouvait se faner.
Sur le côté ensuite, il m'a jetée.
Sans que l'espoir ne puisse, à jamais, repousser.
Parce que je n'ai jamais su être qu'un animal,
De qui il plaît juste, quelquefois à se souvenir
Qu'on peut laisser de désespoir souffrir,
Dans un coin, tout au fond de sa mémoire.
Et chaque fois, lorsque dans ma baignoire,
Toute seule, je cherche le plaisir.
C'est des mes yeux pleins de larmes
Que s'arrache mon cri de délire !
Cet amour est désormais, contre moi une arme.
Et chaque jour un peu plus, lentement je meurs.
Mon âme désenchantée par cette réalité,
Ne pourra-t-elle plus jamais,
Croire que l’on puisse vraiment l’aimer ?
Je crains que désormais
Mon cœur désabusé,
Ne puisse plus jamais,
Quelqu'un d'autre que lui,
Aussi fort aimer ?
Même après la mort,
Il l'aimera, encore...
1993-Louve
...
Sur La Route De Madison - 1995
L'instant d'une émotion retrouvée, "sur la route de Madison"
Le souvenir d'un amour, que l'on veut, oublié.
La douleur que l'on croyait guérie,
Et que l'on retrouve, telle une vérité enfouie.
Et toujours dans le cœur, une certitude qui raisonne...
Celle d'un destin qui, deux êtres, fait s’aimer.
D'un amour qui pourtant ne pouvait durer.
Qui n'a ni passé, ni avenir,
Et qui dérobe au présent le droit d'éblouir.
Avant et après, il n'était pas possible.
Mais à ce moment donné,
Deux vies sur un chemin tracé,
Ne pouvaient que s'unir ou sombrer.
Et malgré la douleur de l'inévitable déchirure,
Peut-être à cause, de cette inéluctable cassure,
Il devient plus beau, plus grand.
Si fort, qu'il oublie qu'il a tort...
La magie de toute une vie, contenue dans si peu de temps,
Rend chaque souffle, chaque regard éternel pourtant.
Mais impossible de garder cet Amour vivant...
Il faut seulement accepter de mourir.
En secret, se nourrir d'un tas de souvenirs.
Vivre avec cette mort, tout au fond de son cœur.
Jusqu'aux derniers instants de cette vie qui pleure.
Et peut-être qu'enfin,
Arrivée au bout de ce chemin,
Sur une main tendue, le ciel s'ouvrira...
Et, le destin alors, s'expliquera...
LouVe -1995
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